lundi 25 juin 2007

Quelle politique arabe après Chirac ?

Conférence à l'initiative de l’Association des femmes arabes de la presse et de la communication

Vendredi 11 mai 2007

Quelle politique arabe après Chirac ?


L’élection de Nicolas Sarkozy a fait couler beaucoup d’encre aussi bien en Israël que dans les pays arabes, les uns se réjouissant de l’arrivée au pouvoir d’un homme ayant des ancêtres juifs, les autres s’interrogeant sur l’avenir de ce que l’on a désormais pris l’habitude d’appeler « la politique arabe de la France ». Si selon le communiqué officiel, Nicolas Sarkozy aurait, lors d’une conversation téléphonique avec Ehoud Olmert, le 7 mai, déclaré : « Je suis un ami d'Israël et Israël peut toujours compter sur mon amitié», la rencontre de Sarkozy avec Saad Hariri, à Paris, le 10 mai apaise quelque peu les diplomates et journalistes arabes qui restent néanmoins sceptiques quant à la connaissance et à l’affinité du nouveau Président avec le monde arabe.

C’est dans ce contexte, à quelques jours de la passation du pouvoir entre le « Docteur Chirac », pour parler comme le défunt Arafat et « l’ami d’Israël » qu’a eu lieu au CAPE, le 11 mai, à l’initiative de l’Association des femmes arabes de la presse et de la communication, une conférence consacrée au bilan et aux perspectives de la « politique arabe de la France ». M. Charles Saint Prot, directeur de l’Observatoire d’études géopolitiques (OEG) à Paris, a exposé les thèses qu’il défend dans le dernier numéro de sa revue Etudes géopolitiques, consacrée au sujet*.

M. Saint Prot voulant dresser un bilan de la « politique arabe de la France » l’a fait remonter, de façon assez étonnante, à l’alliance gauloise avec Hannibal contre les Romains, lors de la seconde guerre punique pour dresser ensuite un rapide bilan de cette politique sous Chirac qui a « toujours été favorable à l’union arabe », comprise comme coopération interarabe, laquelle si elle existait faciliterait les relations françaises avec le Maghreb et le Moyen Orient.

L’essentiel de l’intervention de M. Saint Prot a tenté de dresser un aperçu de ce que sera la future diplomatie française dans la région. Le directeur de l’Observatoire d’Etudes Géopolitiques s’est voulu, d’entrée rassurant, soutenant qu’il est impossible d’infléchir brutalement une politique étrangère. Pour être efficace, cette diplomatie devra « se démarquer de la politique étrangère américaine » non pas dans un esprit de contradiction mais d’affirmation de son désaccord, M. Saint Prot notant au passage que Nicolas Sarkozy n’a pas hésité à dire qu’être « ami » des Etats-Unis n’empêche pas de « penser différemment ». Les trois dossiers « principaux » de la région sont tout d’abord l’Iraq où la double « ingérence » américaine (150 000 soldats américains sont présent en Iraq) et iranienne (environ 800 000 Iraniens se sont installés en Iraq depuis 2003) crée un climat de chaos généralisé dans le pays. Le deuxième grand dossier auquel devra continuer de s’atteler le Quai d’Orsay est le conflit israélo palestinien. Il serait judicieux, a soutenu M. Saint Prot, que la France soutienne le plan de paix arabe tel qu’il a été présenté au Sommet de Riyadh, en mars dernier, et qui est, selon son appréciation, « le seul plan viable qui existe à ce jour ». Enfin, les relations franco-libanaises devront « faire fi des amitiés personnelles » pour entamer un dialogue avec toutes les parties. Des problématiques restées à ce jour secondaires à l’image de la question des réfugiés palestiniens, des fermes de Chebaa ou encore de la violation quotidienne de la souveraineté libanaise devront être évoquées avec plus de vigueur.

L’ensemble des questions posées à l’intervenant à l’issue de la conférence se sont axées sur les perspectives de la « politique arabe de la France » trahissant ainsi des peurs et un scepticisme qui n’est pas sans rappeler celui de la presse arabophone évoqués plus haut. A la question de savoir si le Hezbollah risquait d’être considéré désormais comme une organisation terroriste, M. Saint Prot après avoir remis en cause sérieusement le sérieux de ce genre de liste et ne disposant pas d’informations nécessaires pour répondre à la question posée, a déploré que les élections démocratiques ayant porté au pouvoir le Hamas en Palestine et fait entrer au gouvernement des membres du Hezbollah puissent être contestées par des pays occidentaux. A une question sur le rôle que pourraient jouer les Franco-arabes, M. Saint Prot a insisté sur le fait que ceux-ci représentent un poids électoral réel et devraient, pour autant, se manifester davantage en intervenant auprès des hommes politiques à l’image de la communauté arménienne. La question du Sahara occidental a été enfin soulevée. Après avoir qualifié cette affaire de « lamentable » a soutenu que la position française devrait rester « pro marocaine », le monde arabe n’ayant, selon lui, pas besoin d’une « démultiplication » d’Etats.

* La politique arabe de la France suivi de Les perspectives économiques des relations franco-arabes par Saleh Al Tayar. Etudes géopolitiques 7. Observatoire d’Etudes Géopolitiques. 18 euros.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

pour qoui?